Louis Frédéric Pelcot : un poilu mort pour la France
Histoire d'un poilu normand, mort pour la France à quarante-et-un ans pendant la Première Guerre Mondiale. J'ai été très contente de trouver une mention dans le journal local sur les circonstances de sa mort.
C'est le 26 mars 1915, dans le journal local de la Vigie de Dieppe, qu'est publiée cette information, témoignage émouvant sur les derniers instants de ce soldat.
Louis Frédéric Pelcot naît le 15 mars 1874 à Hautot-sur-Mer, une commune voisine de Dieppe. Il est le fils de Marie Hortense Coulon, une servante de vingt-cinq ans, qui accouche chez son amant Nicolas Frédéric Pelcot, jardinier âgé de quarante-cinq ans. Ce dernier déclare la naissance et reconnaît l'enfant.
Le couple se marie dix mois plus tard, alors que Marie Hortense est de nouveau enceinte.
Louis Frédéric Pelcot prend le même métier que son père - jardinier.
Il est incorporé le 14 novembre 1895 comme soldat de 2e classe au 36e Régiment d'Infanterie, et effectue son service militaire jusqu'en 1898.
Son signalement :
Il est décrit comme "légèrement gravé", c'est-à-dire qu'il porte sur son visage les marques de la petite vérole.
Le 2 avril 1902, il épouse Jeanne Amélie Salzet, et reconnaît la fille dont elle a accouché huit mois plus tôt, Louise Jeanne Albertine. Son métier est jardinier, comme son père.
Le couple s'installe à Crosville-sur-Scie, village situé à 9 km de Hautot, le long de la rivière Scie. Ils ont cinq autres enfants, dont un meurt en bas âge.
En 1914, il est employé comme ouvrier à la Viscose, une entreprise textile créée à Arques-la-Bataille en 1903 par le chimiste Ernest Carnot ; on y produit l'une des premières fibres synthétiques françaises.
L'Historique du 21e Régiment Territorial d'Infanterie permet de retracer son parcours.
Il intègre le 21e RIT, qui vient d'être créé à Rouen le 5 août, avec à sa tête le lieutenant-colonel Durand. Les hommes du 21e RIT partent le 17 août de Saint-Etienne-du-Rouvray pour le Nord de la France, et prennent part le 22 août à la Bataille de Charleroi en Belgique. Les Français sont contraints à la retraite deux jours plus tard, et le régiment subit 260 pertes en un jour.
Le 21e RIT prend ensuite la direction de la Somme. Fin septembre, les soldats mènent plusieurs combats aux alentours de Péronne pour pousser les Allemands à la retraite suite à la bataille de la Marne. Ils s'engagent en octobre pour la défense de Puisieux et de Foncquevillers, dans le Pas-de-Calais, et subissent de fortes pertes. De fin octobre à début janvier 2015, ils se positionnent dans les tranchées de première ligne de l'Echelle-Saint-Aubin et de Tilloloy-Beuvraignes, dans la Somme.
A partir de fin janvier 2015, le 21e RIT est envoyé sur le front de l'Artois, et prend position dans les tranchées de première ligne du secteur de Hébuterne jusqu'au 18 juillet 1915, face aux Allemands qui s'y sont fixés en octobre 1914, suite à la Bataille de la Marne.
Les Souvenirs de Campagne du 21e RIT permettent de saisir l'insécurité qui règne sur le terrain : "les tranchées et le village subissent un « arrosage » quotidien. […] Lorsque les obus sifflent de trop près, on se baisse pour éviter les éclats qui fauchent tout alentour ; puis on continue son chemin. Si cela chauffe trop, on descend dans les caves où les unités de réserve se sont organisés des cantonnements de tout repos, sinon exempts de toute humidité." Les soldats réaménagent les tranchées étroites et boueuses et essaient d'apporter un peu de confort dans les abris anti-obus, les baptisant « Ma Normandie », ou « Trou sous terre ».
L'obus à balles, abondamment utilisé au début de la Première Guerre Mondiale, a été baptisé "shrapnel" du nom du lieutenant britannique Henry Shrapnel qui l'a inventé à la fin du XVIIIe siècle. De forme cylindrique, il est rempli de petites balles en plomb qui sont aussi appelées "shrapnel". Ces balles sont expulsées pendant que l'obus est en vol. L'obus à balles est remplacé par la suite par l'obus explosif, mieux adapté à la guerre de tranchées.
La Vigie de Dieppe, 26 mars 1915 Bibliothèque municipale de Dieppe |
C'est le 26 mars 1915, dans le journal local de la Vigie de Dieppe, qu'est publiée cette information, témoignage émouvant sur les derniers instants de ce soldat.
Vie de Louis Frédéric Pelcot avant la guerre
Louis Frédéric Pelcot naît le 15 mars 1874 à Hautot-sur-Mer, une commune voisine de Dieppe. Il est le fils de Marie Hortense Coulon, une servante de vingt-cinq ans, qui accouche chez son amant Nicolas Frédéric Pelcot, jardinier âgé de quarante-cinq ans. Ce dernier déclare la naissance et reconnaît l'enfant.
Le couple se marie dix mois plus tard, alors que Marie Hortense est de nouveau enceinte.
Louis Frédéric Pelcot prend le même métier que son père - jardinier.
Il est incorporé le 14 novembre 1895 comme soldat de 2e classe au 36e Régiment d'Infanterie, et effectue son service militaire jusqu'en 1898.
Son signalement :
Extrait de la fiche matricule de Louis Frédéric Pelcot Archives départementales de Seine-Maritime |
Le 2 avril 1902, il épouse Jeanne Amélie Salzet, et reconnaît la fille dont elle a accouché huit mois plus tôt, Louise Jeanne Albertine. Son métier est jardinier, comme son père.
Le couple s'installe à Crosville-sur-Scie, village situé à 9 km de Hautot, le long de la rivière Scie. Ils ont cinq autres enfants, dont un meurt en bas âge.
En 1914, il est employé comme ouvrier à la Viscose, une entreprise textile créée à Arques-la-Bataille en 1903 par le chimiste Ernest Carnot ; on y produit l'une des premières fibres synthétiques françaises.
Soldat au sein du 21e RIT
Louis Frédéric est mobilisé le 13 août 1914, à l'âge de quarante ans.L'Historique du 21e Régiment Territorial d'Infanterie permet de retracer son parcours.
Il intègre le 21e RIT, qui vient d'être créé à Rouen le 5 août, avec à sa tête le lieutenant-colonel Durand. Les hommes du 21e RIT partent le 17 août de Saint-Etienne-du-Rouvray pour le Nord de la France, et prennent part le 22 août à la Bataille de Charleroi en Belgique. Les Français sont contraints à la retraite deux jours plus tard, et le régiment subit 260 pertes en un jour.
Le 21e RIT prend ensuite la direction de la Somme. Fin septembre, les soldats mènent plusieurs combats aux alentours de Péronne pour pousser les Allemands à la retraite suite à la bataille de la Marne. Ils s'engagent en octobre pour la défense de Puisieux et de Foncquevillers, dans le Pas-de-Calais, et subissent de fortes pertes. De fin octobre à début janvier 2015, ils se positionnent dans les tranchées de première ligne de l'Echelle-Saint-Aubin et de Tilloloy-Beuvraignes, dans la Somme.
A partir de fin janvier 2015, le 21e RIT est envoyé sur le front de l'Artois, et prend position dans les tranchées de première ligne du secteur de Hébuterne jusqu'au 18 juillet 1915, face aux Allemands qui s'y sont fixés en octobre 1914, suite à la Bataille de la Marne.
Situation de Hébuterne sur le front de l'Artois Carte tirée de l'Illustration, extraite du site chtimiste |
Carte postale, vue de l'église de Hébuterne détruite par les bombardements lors de la Première Guerre Mondiale Archives départementales de la Vendée, 1 Num 1/209-31-Hébuterne |
Les dangers des obus à balles
C'est là, le 25 février, qu'un éclat d'obus touche et blesse grièvement Louis Frédéric Pelcot. Il est évacué par ambulance, mais décède le lendemain, au niveau du village de Couin, à une dizaine de kilomètres à l'arrière du front.Extrait du Journal des Marches et Opérations du 21e Régiment d'Infanterie Territoriale, à la date du 25/02/1915 |
L'obus à balles, abondamment utilisé au début de la Première Guerre Mondiale, a été baptisé "shrapnel" du nom du lieutenant britannique Henry Shrapnel qui l'a inventé à la fin du XVIIIe siècle. De forme cylindrique, il est rempli de petites balles en plomb qui sont aussi appelées "shrapnel". Ces balles sont expulsées pendant que l'obus est en vol. L'obus à balles est remplacé par la suite par l'obus explosif, mieux adapté à la guerre de tranchées.
Obus à balle Site Passioncompassion1418 |
Casque Adrian d'infanterie modèle 1915 Photo (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël |
Une mort pour la France
La fiche matricule et la fiche "Mort pour la France" du soldat Louis Frédéric Pelcot comprennent une mention très factuelle de sa mort - "Blessures de guerre".Fiche "Mort pour la France" |
A bien y réfléchir, l'image d'un soldat mort en héros, en bon père de famille et en bon patriote, prêt à sacrifier sa vie pour sa patrie correspond bien à la propagande de la période, véhiculée par la presse, les affiches et les cartes postales patriotiques. On peut se demander s'il agit d'un témoignage totalement véridique, ou enjolivé pour réconforter sa famille.
Le nom de Louis Frédéric Pelcot est inscrit sur le monument aux morts d'Anneville-sur-Scie. Inauguré en 1922, ce dernier rassemble les morts des quatre communes voisines d'Anneville, Crosville, Dénestanville et Manéhouville. Il reçoit la croix de guerre avec étoile de bronze.
Il laisse une veuve avec cinq enfants.
Retrouvez sa généalogie sur mon compte Geneanet.
Principales sources consultées :
Vie de Louis Frédéric Pelcot :
- Etat Civil sur le site des archives départementales de Seine-Maritime
- Recherche par mots-clés dans les périodiques locaux (La Vigie de Dieppe)
Parcours de soldat de Louis Frédéric Pelcot :
- Fiche matricule sur le site des archives départementales de Seine-Maritime
- Fiche « Mort pour la France » sur le site Mémoire des Hommes
Illustrations :
- Collection de cartes postales éditées et envoyées pendant la Première Guerre mondiale conservées aux Archives départementales de la Vendée
- Collections du musée de l'Armée de Paris sur le site Images d'Art de la RMN.
- Fiche du musée canadien de la guerre sur les balles d'obus
- Historique du 21e régiment territorial d'infanterie 1914-1919, conservé à la Bibliothèque Nationale de France (Gallica)
- 21e Régiment d'Infanterie Territoriale : Souvenirs de Campagne 1914-1918, Rouen, 1921 (tableaudhonneur.free)
- Journal des Marches et Opérations du 21e Régiment d'Infanterie Territoriale (Mémoire des Hommes)
Louis Frédéric Pelcot était mon grand-père maternel. J'en ai entendu beaucoup parlé par ma mère dans ma jeunesse. Elle n'a jamais connu son père puisqu'elle était née le 6 avril 1914 donc quelques mois avant la mort au combat de son père. Je garde précieusement son diplôme avec ses deux médailles de guerre...
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