La Maison de la Beurière à Boulogne-sur-Mer
Les écomusées permettent de se replonger avec les objets et intérieurs. A Boulogne-sur-Mer, c'est le quotidien des marins pêcheurs et de leur famille qui est évoqué lorsqu'on visite la Maison de la Beurrière.
Le quartier de la Beurière
Boulogne-sur-Mer, actuellement premier port de pêche français, a connu un fort développement de l'activité portuaire au XIXe siècle (commerce, transport de passagers, et pêche, notamment au hareng). Les marins pêcheurs et leurs familles se sont installés dans le quartier de la Beurière ou quartier Saint-Pierre, construit sur la falaise qui domine le port.
Plan de Boulogne-sur-Mer, gravé par Ed. Blondel La Rougery et datant de 1914.
Bibliothèque Nationale de France, disponible sur Gallica.
Bibliothèque Nationale de France, disponible sur Gallica.
Le port de marée avec le quartier de la Beurière et l'église Saint-Pierre en arrière-plan
Livret-guide officiel du Chemin de fer du Nord et Société de Transports Auxiliaires de la Région du Nord, 1937, p. 21.
Bibliothèque Nationale de France, disponible sur Gallica.
Le journaliste boulonnais Jules Huret, né
dans une famille de marins pêcheurs et installé à Paris depuis 1885, donne une description du site
:
Extrait du Figaro, 21 septembre 1892 (numérisé sur Retronews)
Ces ruelles, qualifiées de pittoresque dans les livres, sont connues des voyageurs et des peintres (Manet, Adler...) qui venaient à Boulogne pour profiter des bains de mer, du casino ou s'embarquer pour l'Angleterre voire même en transatlantique vers New-York.
Carte postale du début du XXe siècle : la rue du Mâchicoulis à Boulogne-sur-Mer (Geneanet)
Pour accéder au musée, il faut gravir les hautes marches de la rue du Mâchicoulis, l'une des cinq
rues-escaliers du quartier.
La Maison de la Beurière est la première à gauche
Le
n°16 est l'une des rares habitations qui ont été préservées après les
bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Depuis
1999 y a été créée "La Maison de la Beurière" par l'association de
l’Atelier de Maintien des Traditions Populaires Boulonnaises (AMTPB),
qui l'a ouverte au public et y organise une fête annuelle.
Un filet de pêche est suspendu sur la façade de la maison, évoquant les filets, paniers et linges qui étaient mis à sécher à l'époque sur les devantures ou entre les maisons. On imagine l'odeur de poisson qui devait régner à l'extérieur ; de plus, les eaux usées étaient déversées au milieu des escaliers, si bien que le loyer était moins cher pour les maisons situées en contre-bas de la rue-escalier.
Façade de la Maison de la Beurière
L'habitation a été construite en 1870 sur l'emplacement d'une ancienne maison par le marin Hilaire Leyz (ou Lays). Ce dernier s'y installe au rez-de-chaussée avec sa femme et son fils, ainsi que la famille de sa belle-soeur.
Extrait du recensement de 1872, archives départementales du Pas-de-Calais.
Le lieu paraît exigu pour accueillir deux familles sur une trentaine de mètres carrés. La
promiscuité était importante dans le quartier, mais les hommes étaient le plus souvent
sur leur bateau
(plus de 300 jours par an). Dès dix ans, ou même plus jeunes, ils commençaient leur vie de marins comme mousses pour les corvées de cuisine ou de réparation de filets.
Carte postale du début du XXe siècle (Geneanet)
Le métier de marin-pêcheur est évoqué dans l'exposition située à l'étage de la Maison de la Beurière :
Une chapelle de bord était présente sur chaque bateau de pêche au début du XXe siècle :
Carte postale du début du XXe siècle représentant des matelotes boulonnaises vendant du poisson (Geneanet)
La Grande Procession en l'honneur de Notre-Dame-de-Boulogne
Carte postale du début du XXe siècle (Geneanet)
La reconstitution d'un intérieur du début du XXe siècle
Au rez-de-chaussée de la maison est reconstitué un intérieur de famille de marin des années 1900. C'est l'occasion de retrouver les objets du quotidien de beaucoup de familles de l'époque : ustensiles en tôle émaillée, lampes à huile, poêles, portraits en noir et blanc... Des objets religieux sont présents un peu partout ; ils rappellent la grande piété des habitants qui priaient pour les marins partis en mer ; il y a d'ailleurs une grande procession annuelle dédiée à Notre-Dame-de-Boulogne où les matelotes défilaient en coiffe.
A l'entrée, la commode, meuble de prestige de la famille, est positionnée face à la porte pour qu'on puisse la voir. En bois de couleur rouge (placage d'acajou), elle contenait le linge du dimanche, et l'un de ses tiroirs pouvait servir de berceau. Elle est surmontée d'une plaque de marbre sur laquelle prennent place des statuettes religieuses protégées par des globes en verre.
Puis vient la pièce de réception, chauffée avec un poêle flamand dit "poêle à grosse gueule".
Sur la gauche, un lit de coin accueillait la mère, le mari quand il était là, et une partie des enfants :
La petite table à manger, où l'on buvait la chicorée.
Etagère à casseroles et boîtes à épices
Sur le fourneau se trouve un gaufrier, qui permettait de confectionner des gaufres pour que les marins puissent les emporter à leur départ.
Dans l'un des placards à vaisselle a été aménagé un petit lit d'enfant :
Pour visiter et en savoir plus :
Vous pouvez retrouver toutes les informations pour visiter la Maison de la Beurière sur le site de la Ville.Plusieurs vidéos retracent l'histoire du quartier et de la maison :
- "La Maison de la Beurrière La pièce par devant" par Le Bouledogue du Boulonnais" ; - "La maison de la Beurière et la rue du Machicoulis" par Le Bouledogue du Boulonnais.
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