« En Mémoire de la Grande Guerre 1914 – 1918 » : le cadre commémoratif d’un ancien combattant
Voici le diplôme d’honneur de mon arrière-grand-père, poilu de la guerre 14-18.
Parmi les décors caractéristiques des armoiries de la République française, les rameaux de chêne et d’olivier sont présents à plusieurs reprises : en couronne métallique sur le cadre, derrière le cartouche « 1914-1918 » et sous les médailles.
Aux quatre coins du diplôme ressortent quatre écussons sur fond noir, d’où se détachent des représentations de groupes statuaires. Ces nus à l’antique, qu’on imagine bien en statues trônant sur des monuments commémoratifs, permettent d’évoquer en quatre étapes le parcours d’un poilu : le départ, la défense, la gloire et la paix.
Alphonse Lubias est mobilisé le 4 août 1914, dès la déclaration de la guerre. Il a alors trente-et-un ans.
Il a fait son service militaire dix ans auparavant, comme soldat de 2ème classe au 16e Régiment d'Infanterie. Ce régiment de l'Armée de Terre a ses cantonnements à Saint-Mihiel, dans la Meuse.
Employé à la laiterie de Mesnières-en-Bray, un village situé à proximité de Neufchâtel-en-Bray, il s’est marié depuis 1912 avec Zélie Thieuslin. Sa femme a donné naissance à Maurice trois mois avant la déclaration de la guerre. Ce départ signifie donc pour lui laisser femme et enfant pour la défense de la patrie. Il ne reverra pas son fils, mort en septembre 1914.
Alphonse Lubias, qui a été cité une fois à l’Ordre du Régiment, reçoit une « Croix de guerre Etoile de Bronze » Sur le ruban est fixée une petite étoile en bronze qui rappelle sa citation à l'ordre du régiment.
Médaille commémorative de la Guerre 1914-1918
Cette récompense est créée en 1920 pour honorer tous ceux qui ont servi la Patrie pendant la guerre. Elle est conçue par le graveur Pierre-Alexandre Morlon, qui représente une allégorie de la France portant le casque du poilu.
Diplômes et cadres commémoratifs
Les diplômes commémoratifs de la Grande Guerre sont des documents non officiels imprimés en série, proposés avec cadre ou non à l’achat aux anciens combattants. Certains étaient édités par les associations d’anciens combattants ou le Journal des Mutilés et Combattants.
Ils étaient personnalisés par une inscription calligraphique au nom du titulaire avec ses principaux faits d’armes, et sur certains pouvaient être fixées les différentes décorations.
Exemple d’un bulletin de commande de diplôme commémoratif proposé par le Journal des Mutilés et Combattants du 19 août 1934. Bibliothèque Nationale de France (disponible sur Gallica).
Sorte de petit mémorial célébrant la participation à la Grande Guerre, le diplôme comporte l’iconographie traditionnelle de la République française et de la guerre, issue de symboles antiques.
Sur les deux côtés latéraux sont représentées des sortes d’armoiries inspirées de celles de la République française.
On reconnaît le faisceau de licteur. Composé de baguettes de bois assemblées autour d’une hache avec des courroies entrecroisées, le faisceau était un symbole de pouvoir sous la République romaine. Il fut repris à la Révolution française comme emblème national, représentant la République française « une et indivisible ».
La baguette intérieure du cadre en bois rappelle la forme du faisceau avec ses fines cannelures et ses entrecroisements de lanières métalliques.
Sur ces faisceaux sont apposés le médaillon d’un buste de femme casquée et couronnée de lauriers (une allégorie de la France ou de la République guerrière) et celui d'une cuirasse à l’antique. Parmi les décors caractéristiques des armoiries de la République française, les rameaux de chêne et d’olivier sont présents à plusieurs reprises : en couronne métallique sur le cadre, derrière le cartouche « 1914-1918 » et sous les médailles.
Aux quatre coins du diplôme ressortent quatre écussons sur fond noir, d’où se détachent des représentations de groupes statuaires. Ces nus à l’antique, qu’on imagine bien en statues trônant sur des monuments commémoratifs, permettent d’évoquer en quatre étapes le parcours d’un poilu : le départ, la défense, la gloire et la paix.
Le Départ
Un groupe de cinq soldats lève les armes et les drapeaux au ciel.
Alphonse Lubias est mobilisé le 4 août 1914, dès la déclaration de la guerre. Il a alors trente-et-un ans.
Il a fait son service militaire dix ans auparavant, comme soldat de 2ème classe au 16e Régiment d'Infanterie. Ce régiment de l'Armée de Terre a ses cantonnements à Saint-Mihiel, dans la Meuse.
Employé à la laiterie de Mesnières-en-Bray, un village situé à proximité de Neufchâtel-en-Bray, il s’est marié depuis 1912 avec Zélie Thieuslin. Sa femme a donné naissance à Maurice trois mois avant la déclaration de la guerre. Ce départ signifie donc pour lui laisser femme et enfant pour la défense de la patrie. Il ne reverra pas son fils, mort en septembre 1914.
La Défense
Alphonse passe quatre ans, un mois et vingt-six jours dans une unité combattante.
"2 blessures." "A fait toute la Campagne de Verdun"
Il est blessé par éclat d'obus au dos de la main droite le 26 mars 1915, alors que son régiment se trouve sur le front de l’Artois, à Neuville-Saint-Vaast.
Alphonse Lubias
Photographie prise lors de la guerre, recadrée et retouchée via MyHeritage.
Photographie prise lors de la guerre, recadrée et retouchée via MyHeritage.
Devenu sapeur au sein du 3e Régiment du Génie, il participe à la bataille de Verdun, qui débute en février 1916 par une offensive allemande. Une contre-offensive est lancée en mai pour reprendre le fort de Douaumont. C’est au cours de ces combats qu’il est blessé le 22 mai. Il reçoit un éclat d'obus au niveau de l'omoplate gauche.
"Ils ne passeront pas !" - symbole de la résistance des Français face aux Allemands à Verdun
La Gloire
Deux personnages ailés se tiennent sur un autel ou un tombeau. L’un couronne de lauriers un jeune homme, qui s’apprête à ranger son épée dans son fourreau, l’autre déverse des pétales de fleurs au dessus d’une jeune femme.
Au cours de la guerre et dans les années qui suivent, les décorations et distinctions d'actes héroïques se multiplient.
Citation à l’ordre
Afin de distinguer leur bravoure, les soldats peuvent être cités à l’ordre du régiment, de la brigade, de la division, du corps d’armée ou de l’armée (par ordre de prestige). La citation est mentionnée le registre matricule, et parfois dans les Journaux des marches et opérations et dans la presse.
Alphonse Lubias est cité à l'ordre du Régiment n°72 du 8 décembre 1917 :
"Bon sapeur ayant toujours fait son devoir a été blessé deux fois".
Extrait de la fiche de registre matricule d’Alphonse Lubias.
Archives départementales de Seine-Maritime.
Archives départementales de Seine-Maritime.
Médailles et décorations
Médaille militaire
La médaille militaire est une décoration créée en 1852 par Louis-Napoléon Bonaparte pour récompenser le mérite des soldats et des sous-officiers. Au centre du médaillon est représentée la République femme couronnée de lauriers, entourée par l’inscription « République française 1870 ». Elle est surmontée d’un trophée de guerre avec les armes de l’Armée française.
La médaille militaire est décernée à Alphonse Lubias par décret du 11 avril 1930.
Croix de Guerre 1914-1918
Cette distinction est créée en 1915 pour récompenser les combattants cités individuellement pour faits de guerre. Elle prend la forme d’une croix à quatre branches avec deux épées croisées. Au centre, un buste de la République coiffée le bonnet phrygien et de lauriers est entouré de l'inscription « République française ».
Médaille des Blessés militaires
Un insigne des blessés militaires a été créé par la loi du 11 décembre 1916 pour les militaires français blessés ou réformés à la suite d'une blessure ou d'une maladie contractée entre 1914 et 1918. Il s’agit d’une étoile émaillée de rouge qui doit être fixée sur le ruban d'une autre décoration.
Une médaille non officielle des blessés militaires est créée par la suite, avec une grande étoile positionnée sur une couronne de lauriers. Alphonse dispose du modèle Arthus-Bertran.
Médaille commémorative de la Guerre 1914-1918
Médaille interalliée de la Victoire
Cette médaille commémorative est créée par la loi du 20 juillet 1922. Elle est décernée aux militaires et infirmiers ayant servi au moins trois mois entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918 dans la zone des armées. La victoire ailée a été créée par le graveur Pierre-Alexandre Morlon.
Croix du combattant
La croix du combattant est créée par la loi du 28 juin 1930. Elle est réservée aux titulaires de la carte du combattant, qui a été mise en place par décret du 28 juin 1927.
La Paix
Un homme assis sur une souche d’arbre enlace un enfant et soutient une femme accroupie à ses côtés. C’est l’image d’une famille sereine qui profite de la postérité de la paix.
Alphonse est démobilisé le 18 mars 1919. Il retrouve sa femme et son emploi à la laiterie. Dix mois après son retour naît sa fille Gilberte.
Il gardera des souvenirs traumatisants de la guerre, notamment lors des bombardements dans le fort de Douaumont, et perpétuera le souvenir de cette dernière au sein des groupes d'anciens combattants.
"Il est plus facile de faire la guerre que la paix." Georges Clémenceau.
Sources :
- Site décrivant les médailles de la campagne 14-18 : Ordres, décorations et médailles 1914-1918.
- Symboles de la République : site de l’Elysée.
- Des exemples de cadres commémoratifs : celui de Victor Langlais sur le blog Lézigné, un village d'Anjou pendant la Grande Guerre, photographies sur le blog Bleu Horizon 2. Au cours de mes recherches, j'ai été attristée
de voir de nombreux cadres commémoratifs qui n'ont pas été conservés par les familles et attendent preneur sur les sites de vente en ligne.
- "Les citations à l’ordre en tant que sources", blog En Envor.
- "Des décorations et des archives", blog Sources de la Grande Guerre.
Retrouvez l'arbre d'Alphonse Lubias sur mon compte Geneanet.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci pour vos commentaires