Marie Sautet, la marraine des poilus


La Croix, 24/04/1927


Il y a un an, les archives municipales de Metz proposaient une exposition sur Marie Sautet, la marraine des poilus.


Enfance à Metz


Marie Etienne est née le 15 mai 1859 au 61 rue Serpenoise au centre-ville de Metz.


CPA rue Serpenoise Metz
Carte postale de la rue Serpenoise au début du XXe siècle (Geneanet).


Elle est la fille de Jean-Pierre Etienne, rentier, et de Marie Jeanne Joséphine Lecuir.


Généalogie de Marie Sautet
Généalogie de Marie Etienne, épouse Sautet.


Mariage et installation à Paris


En 1882, Marie épouse Alfred Jean Sautet, négociant originaire de Metz et installé à Paris. Elle rejoint son époux à la capitale et ils tiennent avec succès un commerce de ceintures de cuir et de maroquinerie, situé au 36 rue Réaumur à Paris.


Rue Réaumur Paris
Carte postale de la rue Réaumur au début du XXe siècle (Geneanet)


Marraine de guerre


Lorsque le conflit de 1914 s'enlise en guerre de tranchées, plusieurs initiatives charitables voient le jour pour soutenir le moral des soldats au front. A partir de fin 1914, des marraines de guerre envoient des lettres et des colis aux soldats esseulés.

Marie et Alfred Sautet, sans enfants, décident de mettre leur fortune et leur entreprise au service de la solidarité. Ils envoient plus d'un million de colis, mobilisant les dons et dépensant plus de 6 millions de francs. Marie devient la marraine de plusieurs régiments d'infanterie et de chasseurs et reçoit en retour des lettres et des présents de ses filleuls. Sa chienne "Mémère" est nommée "Mascotte des Chasseurs" et brigadier d'honneur. 

Chienne Mémère de Marie Sautet
Carte postale de la tombe de la chienne mémère au cimetière des chiens d'Asnières (Geneanet).

Paquets de tabac : les Sautet expédient plus de 100 tonnes de tabac aux soldats (exposition aux archives municipales de Metz).

Honneurs


Marie Sautet reçoit plusieurs décorations dans les années 1920 : médaille de Verdun, chevalier de l'ordre Elisabeth de Belgique, médaille de la Reconnaissance française, médaille militaire... Surnommée la "Marraine de France", elle est nommée au grade de chevalier de la légion d'honneur par décret du 17 avril 1927. Elle est introduite par le Général Gouraud, Gouverneur Militaire de Paris, le 29 octobre 1927 aux Invalides à Paris.


Marie Sautet
Le Petit Parisien, 21 avril 1927 (disponible sur RetroNews)



Procès-verbal de réception de chevalier de la légion d'honneur.
Base Léonore, Archives Nationales, dossier 19800035/0273/36545.


Croix de chevalier de la Légion d'honneur, carte d'identité de sociétaire de la Légion d'honneur de Marie Sautet, Marie Sautet photographiée lors de la remise de la médaille de la Légion d'honneur (exposition aux archives municipales de Metz)


Ayant consacré toute leur fortune aux œuvres de bienfaisance, le couple est ruiné. Alfred meurt en 1935. Marie finit ses jours à la maison de retraite des "Petits Ménages" à Issy-les-Moulineaux ; les frais sont pris en charge par les anciens combattants. Elle décède le 10 janvier 1937 et est honorée par des obsèques nationales financées par le président de la République et la ville de Metz. Elle est inhumée avec son mari au cimetière du Père Lachaise à Paris.


Obsèques de Marie Sautet
Extrait de l'Express de Mulhouse du 16/01/1937 (disponible sur RetroNews)


Les époux Sautet décident de faire don à la Ville de Metz des lettres, objets, souvenirs liés à leurs actions patriotiques ; le don est accepté en 1937. L'ensemble est maintenant conservé au Musée de la Cour d'Or Metz Métropole.


Exposition Marie Sautet
Lettres, dessins et objets envoyés à Marie Sautet (Musée de la Cour d'or de Metz Métropole - exposition aux archives municipales de Metz)


Pour aller plus loin :

Article de Yannick Ripa, "Marie Sautet aux petits soins", qui évoque l'ouvrage d'Anne Simon sur Marie Sautet, Libération, 22/01/2020.

Jean-Yves Le Naour, "Les marraines de guerre", Les Chemins de la Mémoire n° 181, Chemins de mémoire.

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