Apolline : une sainte guérisseuse vénérée en Normandie
Le 18 septembre 1757 naît Marie Angélique Apolline Accard à Brémontier, près de Neufchâtel-en-Bray. Elle est placée sous la triple protection de la Vierge Marie, des anges et d'une vierge martyre, Sainte Apolline, qui est aussi une sainte guérisseuse vénérée dans la région. François Accard, père de l'enfant, est originaire de Quièvrecourt, où la statue de Sainte Apolline située dans l'église Saint-Ribert attire encore les croyants.
Sainte Apolline
Le martyre de Sainte Apolline est raconté dans une lettre de Saint Denis d'Alexandrie à l'évêque d'Antioche Fabien. Vivant au IIIe siècle, cette femme d'un certain âge s'était dévouée au Christ en conservant sa virginité. Elle fut tuée par des païens pour sa foi. Ils lui brisèrent la mâchoire à coups de pierre puis arrachèrent toutes ses dents. Ils la placèrent devant un bûcher en lui demandant d'abjurer, et elle se jeta elle-même dans les flammes. C'est avec les Croisades que son culte se répandit en France et que certaines de ses reliques furent ramenées.
Sainte Apolline est fêtée le 9 février. Depuis le Moyen-Âge, elle est représentée traditionnellement avec l'attribut de son martyre : une longue tenaille qui enserre l'une de ses dents. C'est la tenaille utilisée par le maréchal-ferrant, autrefois chargé d'arracher les dents malades.
Sainte Apolline, gravure de Arrigo Pipperno illustrant des épisodes de sa vie.
BIU Santé Médecine Paris Descartes
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Une sainte guérisseuse
Sainte patronne des dentistes, sainte Apolline est priée par ceux qui souffrent de mal de dent.
"Que tous ceux qui feront mémoire avec dévotion de l’intensité de la douleur que j’éprouve ne ressentent jamais ni douleurs de dents, ni douleurs de tête." aurait-elle dit pendant son martyre.
Prière à sainte Apolline publié en 1752 dans un livret qui accompagne la vente d'une pierre dite de Sainte Apolline contre le mal de dents par le Sr Mercier à Paris.
Vertus admirables de la pierre de Sainte Apolline vierge et martyre, Bibliothèque nationale de France.
Plusieurs statues de la sainte ou lieux liés à son culte font l'objet d'une dévotion particulière, particulièrement par les mères dont les enfants ont des poussées dentaires. Des vêtements portés par les enfants sont déposés au pied des statues. Ces traditions s'apparentent à des rites anciens, remontant à l'époque gauloise et récupérés par le christianisme.
Sainte Apolline tenant une dent dans une tenaille, vitraux de l'église Saint-Maclou de Rouen, XVe siècle.
Les lieux de cultes et les représentations de Sainte Apolline sont nombreux en Seine-Maritime ; on peut imaginer que bien des paroissiens eurent auparavant bien besoin de l'intervention de la sainte… Certains continuent à l'invoquer en laissant des linges portés par leur enfant.
Par exemple :
- La croix de Sainte-Apolline située sur le parvis de l'église Saint-Gilles d'Ouville-la-Rivière :
- La statue de Sainte-Apolline (décapitée) située sur le porche de l'église d'Aubermesnil, à Aubermesnil-Beaumais :
- L'oratoire situé entre Gaillefontaine et Longmesnil :
Vie de Marie Angélique Apolline Accard
Marie Angélique Apolline Accard eut une vie bien remplie, dans une ferme, avec huit enfants.
Elle se maria à l'âge de vingt ans avec Pierre Guéroult, veuf et herbager à Esclavelles. Quatre enfants naquirent. Devenue veuve à l'âge de vingt-huit ans et enceinte, elle donna naissance à un enfant posthume, François huit mois, après la mort de son mari. L'année suivante, elle se remaria, comme c'était généralement le cas pour pouvoir assurer la subsistance de sa famille. Son second époux, Nicolas Marie Carpentier, avait dix ans de moins qu'elle. Le couple eut ensuite trois enfants.
Les archives ne disent pas si Marie Angélique Apolline Accard eut une belle dentition. Elle atteignit l'âge avancé de quatre-vingt-quatre ans avant de rendre l'âme, et d'être inhumée dans le cimetière de l'église d'Esclavelles.
Pour finir sur une note d'humour, voici une réinterprétation comique de l'histoire de Sainte Apolline dans la Lanterne de Boquillon de 1897 qui insiste sur l'âge avancé de la sainte :
Sources :
- Apolline Trioulaire, "Sainte Apolline : réalité du martyre et utopie de la légende", L'information dentaire n°23 du 10/06/2015.
- "Sainte Apolline", site Histoire de la Médecine.
- "Répertoire des monuments classés et inscrits à l'inventaire des objets mobiliers classés et inscrits à l'inventaire départemental et des sites et monuments classés et inscrits à l'inventaire supplémentaire dans le département de la Seine-Maritime", Persée.
- Les saints guérisseurs de Seine-Maritime, Musée des Traditions et Arts Normands Château de Martainville.
- Hippolyte Gancel, Les Saints qui guérissent en Normandie.
Voilà un bon angle d'attaque pour faire revivre nos ancêtres féminines. Bon challenge.
RépondreSupprimerBonjour et merci pour votre commentaire, je vous donne rendez-vous... demain, pour la suite !
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