AleXandrine : le prénom d'une enfant trouvée
Suite du Challenge AZ avec la lettre X, quasiment absente des prénoms féminins de ma généalogie. Je me suis penchée sur le destin d'une enfant trouvée prénommée Alexandrine.
Une enfant trouvée à Rouen
Le 11 Thermidor an XII (30 juillet 1804) est abandonné un nourrisson à l'Hospice Général de Rouen.
L'origine de l'enfant : une fausse piste ?
Les effets de l'enfants sont décrits avec précision, ainsi que les documents qui peuvent attester de son origine, au cas où une personne de sa famille se présenterait pour la reprendre. La petite porte sur elle un acte de naissance selon lequel elle serait Marie Rose, fille de Marie Rose Greal, née le 7 Thermidor de l'an XII. L'acte signé par un certain Gantier aurait été établi à la commune de Rothois, dans l'Oise, à 76 km de Rouen.
Les registres d'acte civil de Rothois ne comportent cependant aucune naissance à la date indiquée, et le nom de l'officier public qui s'occupe de l'enregistrement des actes à l'époque est Felix Boutillier, le maire. Aucune trace d'une Marie Rose Greal sur les bases Geneanet et Filae, à part une femme vivant au Coudray-Saint-Germer, à 30 km de Rothois, et déjà mariée en l'an XII.
Un nouveau prénom : Alexandrine
Peu importent ces informations pour les services de l'hospice, par l'abandon l'enfant est dépossédée de ses liens avec le passé, y compris le prénom qu'elle a déjà reçu. La petite est baptisée dans la chapelle de l'hospice. Elle s'appelle désormais Alexandrine, sans nom de famille. C'est un prénom à la mode en cette période révolutionnaire, avec son équivalent masculin Alexandre qui évoque un grand personnage de l'Antiquité. (Pour plus de détail sur les enfants trouvés aux Hospices de Rouen, voir mon article sur le parcours de Simplice Horus).
Il existe aussi une sainte Alexandrine. Sainte Allessandrina était une religieuse clarisse qui fonda le couvent de Foligno en Italie. Sa fête est le 18 mars ou le 2 avril.
Gravure de Gérard Le Vilan représentant Alexandre, vers 1801-1805.
Bibliothèque nationale de France (disponible sur Gallica).
Mise à nourrice à Sainte-Marguerite
Munie du collier n°546, elle est envoyée quelques jours plus tard jusqu'à Sainte-Marguerite, près de la ville d'Aumale, à plus de soixante-dix kilomètres au nord-est de Rouen. Elle n'est pas seule : Pierre Alexandre, abandonné quinze jours plus tard, fait aussi partie du voyage.
C'est plus précisément au hameau qui porte le nom amusant de Coupegueule qu'Alexandrine est placée sous la responsabilité de Marie Marguerite Lemoine, femme d'Antoine Saint-Aubin. Agée de quarante-cinq ans, cette dernière a six enfants et améliore un peu son quotidien en recevant une petite pension des hospice de Rouen comme nourrice. Son plus jeune enfant a neuf mois, et elle poursuit probablement l'allaitement au sein.
Un décès rapide
La mortalité infantile, déjà très élevée à l'époque, l'est encore plus pour les enfants trouvés, privés de l'amour maternel et parfois nourris dès les premiers jours au lait de vache et à la bouillie. La petite Alexandrine meurt le 6 Vendémiaire de l'an XIII (28 septembre 1804), à l'âge d'un mois et 27 jours. Elle est inhumée dans le cimetière de l'église paroissiale de Sainte-Marguerite. A l'époque, Sainte-Marguerite était un village "nourricier", avec au moins quatre nourrices actives, comme on peut le constater dans les actes de décès du village. Dix enfants trouvés sont morts à l'an XII et quatre à l'an XIII) ; ils étaient alors appelés "enfants naturels de la patrie". Pierre Alexandre meurt quelques semaines après Alexandrine.
Sortir de l'ombre une vie trop brève : tant d'enfants croisés comme Rose Alexandrine dans des villages nourriciers
RépondreSupprimerOui, je prépare un autre article sur un village nourricier, et le nombre d'enfants décédés si jeunes est impressionnant
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