Ismérie : recherches sur l'origine d'un prénom

Lettre I Ismérie

Pour la lettre I, j'ai choisi le prénom "Ismérie", dont l'origine m'a intriguée.

Une héroïne littéraire

Ismérie est un prénom qui vient à la mode au XIXe siècle, sans doute lié à son utilisation pour plusieurs héroïnes littéraires. Par exemple, dans le roman La Femme ou les six amours d'Elise Voïart, qui se déroule au Moyen Age, Ismérie est une noble demoiselle.

On retrouve également Ismérie dans la religion catholique.

La généalogie de Sainte Anne

A la fin du Moyen Age, la représentation de la famille de Sainte Anne entourée de sa famille se répand en Europe. Elle se base sur le "trinubium" d'Anne, c'est-à-dire son triple mariage, un récit propagé par la Légende dorée de Jacques de Voragine. Anne se serait mariée trois fois, et aurait eu trois filles : la Vierge Marie, Marie Jacobé et Marie Salomé. Si on élargit la famille, Anne a une sœur, Ismérie (Hismeria). Mariée à Ephraim, cette dernière est la mère d'Elisabeth, et la grand-mère de saint Jean-Baptiste. 

Arbre de Sainte Anne
Verrière de l'Arbre de sainte Anne, XVIe siècle. Eglise Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen.

Toutes ces femmes et leurs enfants, et parfois leurs époux, sont représentées par les peintres et les sculpteurs sur une même scène de famille, sous le nom de Sainte Parenté. La représentation peut prendre plus rarement la forme d'un arbre généalogique, semblable à l'arbre de Jessé. La thèse du trinubium d'Anne fut rejetée en 1563 par le Concile de Trente. 

Jan Baegert, La Sainte Parenté, vers 1530, Museum für Kunst und Kulturgeschichte Dortmund (Wikipedia).
A droite de Marie se trouve sainte Elisabeth, puis sainte Ismérie, avec un manteau au drapé vert.

Notre-Dame-de-Liesse

A l'époque des Croisades, au XIIe siècle trois chevaliers originaire de Picardie partirent en terre sainte pour défendre du tombeau du Christ. Victimes d'un guet-apens, ils furent jetés dans une prison du Caire. Le soudan d'Egypte essaya de les convaincre pour qu'ils abandonnent leur foi et se mettent à son service ; il leur envoya même sa fille Ismérie, d'une grande beauté, pour les séduire. Les chevaliers firent à cette dernière les louanges de la mère de Dieu, et elle leur demanda de sculpter une image de la sainte Vierge. Les chevaliers prièrent pendant la nuit et au matin apparut une statue de la sainte Vierge irradiante de lumière. Ismérie se convertit aussitôt et décida de s'enfuir avec les chevaliers. Après plusieurs péripéties, Ismérie et les chevaliers furent miraculeusement transportés en Picardie. Ils portèrent l'image de la Vierge, jusqu'à un endroit où son poids devint insupportable. Une église y font fondée, consacrée à Notre-Dame-de-Liesse. Elle devint un sanctuaire célèbre et attira de nombreux pèlerins, comme Louis XIII et Anne d'Autriche qui la prièrent pour avoir un fils. Dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France consacrés à la Picardie, l'auteur écrit qu'il n'y a pas besoin d'évoquer l'histoire de Notre-Dame-de-Liesse tant elle est populaire : "Nous nous abstiendront de rapporter ici cette histoire merveilleuse ; elle est si connue qu'il nous suffira de rappeler comment elle étoit représentée sur les anciens vitraux de l'église."

Ismérie et les trois chevaliers
Histoire de Notre-Dame de-Liesse par les frères Duployé, 1881.
Bibliothèque Nationale de France (Gallica)


Ismérie Horus

Ismérie Désirée Horus est née le 11 avril 1847 à Dancourt, un village situé près de la forêt domaniale d'Eu. C'est la quatrième enfant de Simplice Horus, journalier, et de Catherine Sidalisse Paris, dont une partie de l'histoire a déjà été relatée dans le blog (Simplice Horus était un enfant abandonné à l'hospice de Rouen et Catherine Sidalisse Paris exerça le métier de cocotière).

L'état civil de Dancourt n'étant pas conservé, c'est son acte de baptême qui a été numérisé par les archives départementales de Seine-Maritime.

Ismérie Horus
Archives départementales de Seine-Maritime

Elle se maria en 1868, à l'âge de vingt-et-un ans, avec Julien Théophile Vénambre, un maçon. Le couple s'installa au centre du village de Smermesnil et eut cinq enfants. L'une des filles, Ismérie Olympe, hérita du prénom de sa mère. Ismérie Désirée décéda en 1912 à l'âge de soixante-quatre ans.

CPA Smermesnil
Carte postale de l'église et l'école de Smermesnil, vers 1900-1920 (Geneanet).

Voici différentes signatures d'Ismérie, qui elle-même hésite dans l'orthographe de son prénom :


Archives départementales de Seine Maritime (1868, 1897, 1899, 1911)


Retrouvez la généalogie d'Ismérie Désirée Horus sur Geneanet.


Sources :

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