Destins croisés des jumeaux Croizé
A l'occasion du Généathème proposé par Geneatech sur les naissances multiples, je me suis intéressée à la vie d'un ancêtre qui a eu un jumeau.
Direction Saint-Valery, village d'une centaine d'habitants au nord-ouest de l'Oise, à l'époque révolutionnaire.
Les Croizé
J'ai choisi la famille Croizé.
Ce nom peut faire penser aux participants aux Croisades, mais désigne plutôt une personne habitant près d'une croix. Il existe aussi de nombreux toponymes liés à la présence d'une croix ou d'un croisement dans les environs, comme les "chemins croisés" ou les "croisettes" (hameau de Gaillefontaine).
Naissance des jumeaux en 1803
Jean François Croizé, maçon et cultivateur, est marié depuis trois ans avec Marie Joseph Lesur. Le couple a eu deux premiers fils : Jean François, qui ne vécut que quelques jours, suivi par Pierre François.
Le 5 Germinal an XI arrivent des jumeaux, Jean François et Jean Baptiste Croizé.
Jean François est le premier à voir le jour, à 11 heures du matin. La naissance est déclarée par son père, François Gosse et Jacques Rambures :
Son frère naît trois heures plus tard, sur la déclaration de Jean-Baptiste Bourdet (présence qui explique sans doute son prénom) et Jacques Rambures :
Enfance
Les archives apportent peu d'informations sur l'enfance des jumeaux. Ils ont trois frères cadets et une sœur. Ils savent écrire :
Signature de Jean-François Croizé en 1831.
Registres d'Etat Civil de Lannoy-Cuillère, Archives départementales de l'Oise, 5Mi574.
Signature de Jean-Baptiste Croizé en 1830.
Registres d'Etat Civil de Lannoy-Cuillère, Archives départementales de l'Oise, 3E347/6.
Mariages
Le premier à convoler est Jean-Baptiste. Le 13 août 1827, à l'âge de vingt-quatre ans, il épouse Marie Angélique Cadot, qui habite également le hameau de Cuillère à Lannoy-Cuillère. La cérémonie a lieu en août, un mois généralement peu propice aux noces à cause des moissons. Le mariage s'organise certainement dans l'urgence car la jeune femme de vingt ans donne naissance trois semaines plus tard à leur premier enfant, Marie Rosalie.
Jean François se marie trois ans plus tard avec Catherine Levasseur, de Beaufresne.
Métiers
Avec un père maçon et cultivateur, les deux garçons s'orientent vers les métiers manuels et agricoles.
Jean François devient cordonnier, fabricant et réparant des chaussures. Il s'installe quelques années comme cordonnier et épicier à Quincampoix-Fleuzy. Vers 1855, il stoppe cette activité pour le métier précaire de journalier.
Auguste Xavier Leprince, Cordonnier Assis, dessin conservé au Musée du Louvre, Paris.
© RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Mathieu Rabeau
Jean Baptiste est "chartier" selon son acte de mariage. "On nomme charretier le conducteur d'une voiture à deux roues, appelée charrette", selon le dictionnaire général de police administrative et judiciaire de la France paru en 1816. Cet ouvrage détaille les différentes lois au niveau local et national qui régissent la profession, à la fois pour en faciliter le contrôle et prévenir les accidents "que peuvent occasionner ces sortes de gens par leur imprudence et leur impéritie". Le charretier doit se tenir à la tête de ses chevaux. La réglementation est plus souple pour les transports liés à l'activité agricole et aux récoltes.
Edouard Bernard Debat-Ponsan, Charrette à bœufs, 1886.
Musée du Louvre, déposé au musée municipal de Vire.
Il s'installe ensuite comme cultivateur et maçon, comme son père.
Vie maritale
Les naissances de leurs enfants se succèdent, et se suivent parfois dans les registres de Lannoy-Cuillère où ils sont installés :
- Six filles et cinq fils pour Jean-Baptiste, dont deux meurent en bas âge.
- Une fille et six fils pour Jean-François, dont deux décèdent nourrissons.
Veuvage
Jean-Baptiste se retrouve veuf à l'âge de quarante-deux ans. Sa femme meurt en couches en 1845 lors de la naissance de leur onzième enfant, Jean-Baptiste Antoine.
Le recensement effectué l'année suivante nous renseigne en partie sur le devenir des enfants. Jean-Baptiste n'est pas mentionné à Lannoy-Cuillère et ses enfants sont dispersés. Les plus jeunes sont confiés à des proches ou pris en nourrice : un chez son frère aîné, un autre chez un frère cadet à Flamets-Frétils, et un pris en charge par un couple de cultivateurs âgés de Lannoy-Cuillère.
Décès
Jean-François décède à Abancourt en 1869, à l'âge de soixante-six ans. Il est hébergé avec sa femme chez sa fille aînée Vertu et son beau-fils Pierre-Benjamin Deshayes.
Jean-Baptiste s'éteint à Neufchâtel-en-Bray, bourg dans lequel il venait de s'installer en 1876, à près d'une trentaine de kilomètre de là.
Sources :
- Première image : Position de jumeaux au moment de l'accouchement, gravure extraite de l'ouvrage Traité des maladies des femmes grosses et de celles qui sont nouvellement accouchées écrit en 1675 par François Mauriceau. Collection BIU Santé Paris Descartes, 020400.
- Sophie Boudarel, Croizé, blog La Gazette des Ancêtres.
- M. Léopold, Dictionnaire général de police administrative et judiciaire de la France, 1816. Bibliothèque Nationale de France (disponible sur Gallica).
- Utilisation de Piktochart pour présenter sa généalogie : tutoriel de Joanne Loubet pour le mois Geneatech sur YouTube.
Quelle belle infographie, le jeu de mot avec le nom de famille est particulièrement bien trouvé
RépondreSupprimerMerci d'avoir cité la vidéo dans les sources, je suis ravie de voir beaucoup de blogueurs se mettre aux infographies.
Merci pour ce super tutoriel qui m'a permis de comprendre facilement comment fonctionne Piktochart. :)
SupprimerBillet bien fourni et unesupee infographie
RépondreSupprimerMerci :)
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