Jacques Antoine Croizé : le maître d'école de village
Voici l'évocation d'un ancêtre maître d'école, à l'occasion du thème de la "rentrée" proposé par Généatech pour ce mois de septembre.
Direction le village de Rothois, dépendant du duché d'Aumale, aux confins de la Normandie et de la Picardie.
Jacques Antoine Croizé, fils aîné d'Antoine Croizé et de Marie Savary, y naît le 26 janvier 1734.
A partir de 1755 - il a alors vingt-et-un ans, sa signature se fait courante dans les registres paroissiaux. D'abord mentionné comme "clerc de la paroisse", il apparaît ensuite comme "maître d'école", et parfois "magister", jusqu'en 1771.
Jacques Croizé, "clerc de notre paroisse", parrain de Marie Anne Bura en 1756.
Registre paroissiale de Rothois, archives départementales de l'Oise.
Jacques Croizé, "maître d'école", témoin sur un acte d'inhumation de 1759.
Registre paroissiale de Rothois, archives départementales de l'Oise.
L'école de campagne au XVIIIème siècle
Rattaché à l'église paroissiale, le maître d'école est choisi et rémunéré par la paroisse et la communauté des paroissiens. Il n'y a pas de qualification spécifique exigée, ni de validation par les autorités du diocèse, la décision étant prise par les paroissiens. Un contrat est parfois établi.
Voici la définition de Magister dans le Dictionnaire universel d'Antoine Furetière, édité en 1701 :
Le maître d'école est employé pour diverses fonctions au service de la paroisse : assistance du curé ( en tant que clerc laïc, aide au culte (servir la messe, chanter pendant les offices, sonner les cloches), entretien de l'église, ou tenue des registres, ce qui explique la présence quasi systématique du comme témoin dans les registres paroissiaux. Jacques Antoine Croizé a d'ailleurs été plusieurs fois choisi comme parrain.
Comment se passe la classe ? Au XVIIIème siècle, les maîtres d'écoles enseignent principalement la lecture, l'écriture, le cathéchisme et un peu de calcul. On peut noter un bon niveau d'alphabétisation des habitants de Rothois. Dans le registre paroissial, 87 % des témoins savent signer entre 1760 et 1772 (sans prendre en compte le vicaire, le curé, le maître d'école). Le local de la classe n'est pas spécifique ; elle peut se dérouler dans la maison du maître.
Après son remplacement comme maître d'école par Jean Louis Descroix en 1771, Jacques Antoine se fait plus rare dans les registres. Il est mentionné comme maçon, comme son père, et comme propriétaire. Il s'est marié en 1759 avec Marie Anne Caron, qui lui a donné une fille, morte en bas âge, et trois fils. Aucun ne prend la succession de son père en tant que clerc ou maître d'école. L'aîné, Pierre Jacques, devient manouvrier et maçon ; il exerce la fonction d'officier municipal en 1793 et 1794, pendant la période révolutionnaire et a une signature très proche de celle de son père. Jean François est journalier, puis maçon et cultivateur. Louis Félix est herbager et propriétaire.
Jacques Antoine décède pendant la période révolutionnaire, en 1797, à l'âge de soixante-trois ans.
Retrouvez la généalogique de Jacques Antoine Croizé sur Geneanet.
Sources :
- Illustration : Jean-Jacques de Boissieu, Le grand maître d'école, 1780, Bibliothèque municipale de Lyon (disponible sur Numelyo)
- René Grevet, École, pouvoirs et société (fin XVIIe-1815). Artois, Boulonnais, Pas-de-Calais, Chapitre II. "L’école villageoise", p. 83-126. (disponible sur OpenEdition Books).
- A. Lechevalier, "Le maître d’École sous l’ancien régime", Revue pédagogique, Année 1906, 48-1, p. 339-354 (disponible sur Persée).
- Côme Simien, "Des maîtres d’école aux instituteurs : une histoire de communautés rurales, de République et d’éducation, entre Lumières et Révolution" (années 1760 - 1802), Annales historiques de la Révolution française 2018/2 (n° 392), pages 189 à 202 (disponible sur Cairn).
- Jean Vial, "L'éducation aux XVIIe et XVIIIe siècles", Histoire de l'éducation (2009), p. 43-50 (disponible sur Cairn).
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